Parce que les interdits sont fait pour être contrés [PV Nate]

Le vent soufflait d’ici. Plus fort que les nuages, plus fort que le soleil immergeant à peine. Plus fort que la nature, plus fort que l’Homme. Plus fort que Jun ? Non. Impossible. Rien n’était plus fort que lui. Rien n’est plus fort que Dieu. Pas même ce vent. Ce vent qui ne cessait de défier Jun. Ce vent qui soufflait dans son sens contraire, comme pour s’opposer à lui. Le garçon avait beau tendre la main et fermer le point, il n’arrivait pas à emprisonner cette force immatérielle. Et Jun s’approcha du bord grillagé du toit. Et le vent continua de souffler. Et il monta sur le rebord, comme les deux amoureux dans Titanic. Et le vent souffla un peu plus fort. Ebouriffant les cheveux dorés du Teiketsu. Froissant sa chemise blanche. Faisant voler sa grande veste lui tombant aux genoux. Même son jean blanchâtre faisait un bras-de-fer contre ce vent impertinent.

D’une main, Jun tint son chapeau accordé à sa veste pour empêcher qu’il ne s’envole. De l’autre, il se tenait aux barreaux. Osant de se pencher un peu plus chaque seconde. Comme pour défier les lois de l’apesanteur. Ce vide attirant… Cette envie de passer par-dessus bord… Jun ne pouvait s’empêcher de vouloir tomber. Non, il n’était pas suicidaire. Il ne voulait pas mourir, pas avant d’avoir été considéré mondialement comme la réincarnation de l’être suprême. Et pour ça, il reprendrait les affaires de son père et étendrait sa popularité. Jusqu’aux antipodes des frontières. Comme ça, lorsqu’il mourra, des icônes existeront à son égard. S’il meurt un jour. Comment le savoir s’il pouvait mourir alors qu’il était encore en vie ? Jun n’en savait rien. Et son cerveau mégalomane et immature lui certifiait qu’il était immortel. Les Dieux ne meurent pas. Mais les Dieux contrôlent la nature, la vie, la mort… Jun non. Mais Jun contrôlait déjà le monde. Son monde. N’était-ce pas suffisant pour lui ? Non. Non, ça ne suffisait pas. Jun voulait plus que contrôler des hommes, du pouvoir, quelques misérables vies héritées de son père. Pourquoi ne pouvait-il pas être fort tout seul ? Pourquoi ne pouvait-il pas maitriser ce qui était à porté de main. Pourquoi ne pouvait-il pas soumettre ce putain de vent qui continuait de souffler, le décoiffant, abimant ses vêtements, brusquant sa peau, piquant ses yeux… Il ne sauterait pas. Juste par orgueil.

En bas, plus bas que Jun, plus bas que ses pieds, plus bas que la plate-forme où il était, il y avait des gens. Quelques uns. S’engouffrant dans la porte d’entrée que ne voyait pas l’enfant. Oui, l’enfant. Plus bas donc, il y avait une majorité de jeunes. Dans les mêmes âges que Jun. Que des gamins, partout. Certains plus matures que d’autres. D’autres plus costaud que certains. Quelques regards noirs, par-ci par-là. Parfois même, une bousculade, un croche-patte, un signe provocateur passant pour accidentel auprès des nouveaux professeurs. Les autres, ceux qui connaissaient cette école avaient depuis longtemps abandonné. Fermer les yeux, pour ne pas voir. Ne pas voir pour ne pas mourir. Jun esquissa un sourire. Ces détails ne lui échappaient pas. S’ils savaient. Tous ses élèves. Ses nouveaux sortant à peine du collège. S’ils savaient que ce n’était que le début. Oh oui, s’ils savaient, ils n’auraient jamais laissé leurs parents les envoyer ici. Ils ne seraient peut-être même pas nés. S’ils avaient su. Mais maintenant, il était trop tard. Tous ses gosses s’engouffrant dans ce bâtiment. Trop tard. Ils ne pouvaient plus reculer. Et, sans le savoir, ils s’étaient enfermés dans leur propre prison, leur propre cellule, leur propre fin. Pourtant, à cet instant précis, aucuns d’eux ne s’en doutaient.

Il y avait du bruit. Beaucoup. C’était plus calme, le matin, quand Jun était arrivé. Les premières années étaient tous nerveux. Parce que s’était la rentrée. Parce qu’ils ne connaissaient personne. Parce qu’ils voyaient pour la première fois leur lycée. Parce qu’ils n’étaient plus les grandes terreurs de l’école et qu’ils allaient devoir s’effacer face à leurs ainés. Et, pour certains d’entre eux, leur stress étaient du au fait qu’ils devraient choisir leur camp, comme leur père le leur avait bien spécifié. Teiketsu, Yamada ou autre… La pression était grande. Ils le savaient. Des grands de ces Familles étaient là. Pour eux. Mais ils ne se doutaient pas que l’un d’eux les observaient, de tout là haut, les jugeant, un par un. Détectant ceux qui se rallieraient à lui. Et ceux qui deviendraient, une fois le seuil franchi, une fois leur clan clamé, ses ennemies. Les plus grands, les deuxièmes et troisièmes années, étaient beaucoup plus posés. Parce que, contrairement aux premières années, ils connaissaient déjà ce qui les attendaient. Bien sur, la nervosité et la bonne humeur était aussi au rendez-vous. Content de retrouver des amis plus ou moins fidèles, reprenant leurs territoires mal définis. Croisant par la même occasion des ennemis qu’ils n’avaient pas vraiment choisis.

Les moins chanceux arrivaient à pied ou en bus, les autres se trouvaient accompagnés d’un chauffeur privé. Jun aussi avait été emmené par son majordome. Peut-être bien deux heures avant les autres. Pour regarder le soleil se lever, pour ne pas louper un seul élève, pour s’imposer. Premier arrivé, premier servit.

Du bruit. Oui, il y en avait déjà du bruit, mais pas le même. Pas ce son grinçant d’une porte mal huilée. Celle menant au toit. Elle avait fait le même bruit, auparavant, quand Jun l’avait poussé. Ne garçon ne bougea pas. Il ne se retourna pas. Pas encore. Pas maintenant, que le soleil brillait en sa direction, se reflétant sur ses vêtements blancs, soulignant la beauté de son visage incandescent. L’adolescent retira son chapeau, tenant maintenant le grillage de ses deux mains. Il ferma les yeux quelques instants. Oui, profiter de ce soleil. Encore un peu. Un tout petit peu.

Mais Jun le savait, il était sur un lieu interdit. Si la personne aillant franchie cette porte était un membre du personnel, son père, Mr Teiketsu, allait encore devoir négocier le pardon envers son fils. Et ça, le gosse embourgeoisé ne le voulait pas. Oh non. Pour rien au monde il ne voulait mettre son cher père dans l’embarras. Alors Jun tourna la tête. Lentement. Pour s’assurer de sa sécurité. Pour s’assuré que la personne ne dirait rien. S’il s’agissait d’un Yamada ? Il se défendrait. Une lame cachée sous la double épaisseur de son chapeau. Son manche blanc, son fer argenté s’enfonçant dans la chair pâle, pourquoi ce mélange donnait-il du rouge ? Pourquoi toute cette pureté donnait-elle la couleur de l'enfer ? Jun n’aimait pas le rouge. Mais on lui avait apprit à aimer. On l’avait forcé à aimer. Alors il devait aimer. Parce qu’avant d’être dieu il était le diable.

Le vent était doux et pourtant une personne était énervé contre la Terre entière. Cette personne était en quête d'un nouveau refuge. Nouveau car l'ancien venait d'être saccagé par l'une de ses nombreuses " connaissances " comme il aimait les appeler si ... Affectueusement. Il s'appelait Nate et à vrai dire c'était finalement - à en croire ses pensées - une journée plutôt normale qui commençait, la colère était sa vitamine, sa dose de fortifiant, pour bien commencer la journée ( Moi perso je préfère quand même Actimel !! xD *SBAF* ) . Bien qu'en colère, il dut avouer qu'il était également quelque peu déçu, il avait presque réussit à faire de son dernier habitat, un vrai chez-soi et y avait investit le peu d'argent qu'il possédait, sa déception s'était transformée en rage, abandonner tout cela était loin de l'enchanter. Le neko bouscula quiconque croisait son passage en ruminant quelques insultes en bonus, se perdit deux ou trois - la troisième, il eut la chance de se retrouver dans un cul de sac - et s'arrêta pour se laisser le temps de réfléchir. N'était-il pas aller trop loin ? Jamais encore le nomade n'avait foulé le bitume de cette rue. C'était donc avec curiosité qu'il décida de continuer son chemin, peut être se plairait-il beaucoup plus ici que dans son ancien taudis, de toute façon, il n'avait pas vraiment le choix, le nouveau John Doe avait dépassé son quota d'ennemis dans la rue précédente et en y retournant, signerait ni plus ni moins son arret de mort.

C'est en baillant aux corneilles, les yeux entrouverts que Nate se paya de plein fouet le portail d'il ne-savait-quoi, grommelant et insultant une nouvelle fois ce stupide truc en bois, il se retint de laisser libre cours à son envie de le réduire en miettes. Mais y aurait-il réussit ? En y regardant mieux, le bois n'était que fictif, ce portail avait tout l'air d'être fait en fer et en métal... Vexé de s'être trompé, le jeune poussa ce foutu portail sans regarder le nom inscrit dessus et s'aventura dans un lycée sans le savoir. Il n'était de toute façons jamais allé dans aucune école qui soit, c'est donc avec désarroi qu'il se rendit compte que l'endroit n'était peuplé que de jeunes de son âge. Que se passait-il ? Était-ce un refuge pour jeunes ? Était-il tombé sur le bon endroit ? Nate put remarquer que nekos et humains étaient présents, peut être le jeune vagabond avait-il enfin trouvé l'endroit rêvé. Nate Doe ( ça fait plus classe que John Doe quand même nan ?? xD ) releva légèrement la tête pour observer le bâtiment, c'est à ce moment-même qu'il découvrit quel était l'endroit de sa quête, un toit provenant d'un bâtiment plus haut que tous les autres de la ville, qui lui laisserait sans doute une vue gigantesque et magnifique. Il pria pour que ce toit soit accessible, et tel un détenu en cavale, il se mit à courir dans le hall du lycée - sans regarder davantage ce toit, s'il avait attendu deux ou trois secondes supplémentaires, il aurait sans nul doute remarquer une forme blanche, virevoltant au sens du vent - Nate franchit les escaliers, pleins d'escaliers, couru encore, où était-ce toit !? Il dut se résigner à demander son chemin, il ne regarda même pas dans les yeux la jeune personne qui eut la bonté de lui montrer le chemin, et ne l'écouta pas lorsqu'elle précisa qu'il était interdit d'y monter.

Il posa une main sur la poignée, cette dernière, glacée, le fit tressaillir, mais ne l'arrêta pas pour autant, il ouvrit prudemment la porte pour se recevoir une rafale de vent. Nate resta deux minutes sans bouger, chamboulé car il ne s'attendait pas à ce que la nature soit aussi énervée que lui, cela eut le don de faire resurgir sa colère, et il claqua la porte avant que le vent ne le fasse pour ensuite contrer celui-ci en marchant d'un pas rapide. C'est alors qu'il constata que quelqu'un était déjà présent, il n'était pas seul, intérieurement cette fois , le jeune neko rugit davantage, ne pouvait-il pas être tranquille une bonne fois pour toute !? Il s'avança vers la personne, elle devait bien faire cinq bons centimètres de plus que lui, déjà qu'il n'était pas bien grand, même cet inconnu qui était assez petit, était plus grand que lui. Cela eut le don de déjà, considérer l'inconnu avec mépris. Mais toute trace de colère, d'énervement et de haine - qui étaient les sources mêmes de son caractère - se stoppèrent net lorsque l'individu se retourna, un petit bonhomme au visage d'ange inspirant le respect , un regard froid presque agacé d'être soudainement arrêté à la contemplation du soleil levant - et bien plus encore, le soleil levant, n'est-il pas le nom donné au Japon ? - habillé tout de blanc dans des vêtements que jamais Nate n'aurait pu se permettre. Il dut d'ailleurs se résoudre à constater qu'à côté d'un tel personnage, Nate faisait encore plus vulgaire qu'à l'habituel, ce constat suffit à faire ressurgir sa haine, mais pas ses yeux habituellement injectés de sang. Ceux-ci n'en firent qu'à leur tête et gardèrent leur couleur naturel, bleu clair, qui ne se font voir qu'à de rares évènements, étonnement, plaisir, gêne & désarroi. Vu comme cela, Nate ne semblait vraiment pas intéressant, et s'il ne s'était pas calmé dans la minute, il aurait pu empirer son cas avec une phrase remplit d'insanités et au final, ne voulant rien dire. Le fin visage du vagabond vira du rouge à la pâleur d'un vampire, il se força à se calmer, s'il y avait bien une chose qu'il avait apprit, c'était que se débarrasser de quelqu'un par la colère revenait à se le coltiner toute sa vie ! Il allait devoir essayer de se comporter en " citoyen " normal, se présenter et tenté de savoir par quelques ruses si son futur interlocuteur allait bientôt s'en aller. Malheureusement Nate ne savait pas du tout comment s'y prendre, loin d'être sociable, seul son physique et son imposante condition physique pouvait l'aider, s'il y mettait du sien, peut être réussirait-il à acquérir une once de charisme.

- ... Salut ! Nate Tsukiyo et j'aimerai faire de ce toit mon nouveau repère !

Repère, le vagabond adorait ce nom, repère, cela faisait tellement classe ! Mais il n'eut pas vraiment le loisir de s'extasier encore sur ce mot, il venait de faire son entrée dans la vie sociale de la manière la plus ridicule qu'il n'ait jamais encore imaginée. Il n'avait pas tourné sept fois sa langue dans sa bouche et n'avait au final pas réfléchit, ainsi ses pensées s'étaient retranscrits dans son langage, faute de ne jamais s'exprimer à l'oral. Il sentait déjà un demi-sourire amusé et mesquin se dessiner sur le visage de cet humain. Un peu plus et Nate allait commencer à être en colère contre lui-même et se souvenir de sa haine contre les humains...

Le regard de Jun croisa celui de l’inconnu. Il avait les yeux bleus. Superbes. Se mêlant à la couleur azur du ciel maintenant ornée de doré. Dans ces yeux, on y voyait s’il refléter ce qu’il observait. Si on s’arrêtait à ce détail, on aurait pu tomber amoureux d’un simple clignement des paupières. Pourtant, malgré ce regard bleuté attendrissant, le jeune garçon semblait on-ne-peut plus sauvage. Comme s’il avait vécu à la rue depuis sa plus tendre jeunesse. Comme s’il avait toujours été solitaire et agressif. On sentait dans son visage parfait se voulant ferme, ses formes, son aura qu’il n’était pas comme les autres. Comme un loup abandonné. Errant. Quoique un loup… Ses oreilles et sa queue laissaient plus présager à un félin… Un Neko ! Cette idée ne mit pas longtemps à tilter dans la tête de Jun. Aussitôt, le garçon descendit de la rambarde et se rapprocha un peu du garçon. Evidemment, il garda une certaine distance de sécurité, cinq centimètres environ. Il n’avait pas l’air d’un Yamada. Bien trop sauvage. Il n’avait l’air de rien de toute façon. Juste un môme un peu trop dépendant et seul. Jun se dit qu’il déduisait un peu vite pour des cheveux mal coiffés et des vêtements abimés…

- ... Salut ! Nate Tsukiyo et j'aimerai faire de ce toit mon nouveau repère !

Ce toit, un nouveau repère… ? Jun aborda un sourire moqueur. Il rigolait, au moins, ce mioche ? Alors Jun se rapprocha, un peu. Encore un peu. Pour voir d’un peu plus prêt ce garçon qui avait pu tirer un sourire à Jun. Sans s’en rendre compte, il s’était approché, légèrement trop. A cette distance, il pouvait se retrouver blessé en une seconde. Mais, il pouvait aussi toucher le Neko. En tendant le bras, à peine. D’ailleurs, il n’hésita pas à le faire. Mais non. Pas maintenant, pas déjà. Pour l’instant, il se contenta de scruter le jeune homme de son air supérieur, comme il savait si bien le faire. Jun fit deux derniers pas. Il se trouva ainsi quasi collé à l’intrus. Il voulait lui faire ravaler son allure arrogante. Il avait osé réclamer des terres à la Famille Teiketsu… Jun lui soutint le menton de son pouce et son index. Et avec une décontraction malsaine, il s’approcha de son visage. Comme s’il allait l’embrasser. Mais il s’arrêta avant. A quelques centimètres de l’inconnu.

- Tsukiyo… Tu sais… Ton nom m’importe peu. Enfin soit, si tu veux tout savoir, Je suis un Teiketsu. Jun Teiketsu. Et je crois que ce toit doit m’appartenir.

Il avait remballé son sourire. Plusieurs points se bousculaient dans sa tête. Le premier qui vint fut de se demander ce que fichait là un type comme lui. Il n’avait pas vraiment une tête à aller à l’école… Enfin après tout, s’était obligatoire, on le forçait peut-être. Il n’était surement pas à la rue et solitaire comme le pensait Jun. Le second point, beaucoup plus intéressant pour Jun, fût le constat que s’était un Neko. Séduisant en plus. Très séduisant… Il ne mit pas longtemps à se souvenir d’une discussion avec son paternel. Il avait pour projet de répandre le commerce de Neko. Avec un tel spécimen, ils pourraient toucher une belle somme. Avec ça, comment ne pas s’attirer les faveurs de son père… Il fallait convaincre ce garçon de se soumettre à l’esclavagisme. Comme si s’était facile… Contrairement à ses premiers essais, lui n’allait certainement pas se laisser faire docilement. Il ne restait que deux moyens. La ruse ou la force. La force… ? L’autre était bien plus musclé et semblait plus entrainé au combat. Cependant, Jun remarqua qu’il dépassait quelque peu ce Nate. Ca lui procura un soulagement indescriptible. Il pouvait enfin insulter quelqu’un de petit. Mais vu des circonstances, il préféra s’orienter vers la ruse et ravala ce mot qui aurait pu faire échouer ses futurs plans.

- Enfin soit… Je suis prêt à te laisser ce toit… Ce n’est pas ce territoire qui m’intéresse le plus… Je peux même te faire un prix d’ami

Et Jun sourit à nouveau. Du même sourire peu rassurant. C’était le seul qu’arrivait à exprimer le gosse naturellement. Comme si la moquerie était un instinct inné pour lui. En parlant de cette façon méprisante, il avait abordé un air légèrement pervers, presque imperceptiblement, et n’avait pu s’empêcher de caresser la joue du chat de gouttière. Il le savait, il jouait avec le feu. Comme si ce félin allait vouloir devenir un gentil petit animal de compagnie… La seule solution qu’avait donc trouvé Jun fut l’intimidation. Par son allure, sa classe, son charisme et son nom. Teiketsu. Même un rat (enfin plutôt chat) comme lui devait connaitre. Ce serait trop offensant si un jour quelqu’un ne le connaissait pas. Si un jour quelqu’un ne blêmissait pas en entendant le nom de la Famille Teiketsu. Et puis finalement, si ce prétentieux était trop stupide pour ne pas craindre Jun, il espérait quand même pouvoir le plier à son autorité en échangeant ce toit contre sa liberté. D’accord, s’était presque vain de penser que ça marcherait mais qui ne tente rien n’a rien. Et puis, des idées, ce n'est pas ce dont manquait Jun. Il avait toutes sortes de persuasions. Plus ou moins gentilles. Plus ou moins agréables. Plus ou moins efficaces.

C'était la première fois qu'il rencontrait un ange, peut être était-ce pour cela qu'il s'obligeait à ne pas se montrer désagréable dès la première rencontre. Néanmoins sa taille lui revint en mémoire lorsque qu'il descendit de sa balustrade, la différence de taille était toujours aussi présente, pas forcement frappante mais cela suffisait pour le neko. Il était plus petit qu'un ange, n'était-ce pas là l'ironie du sort ? Les yeux de Nate - qui avec le temps avaient appris à se montrer très observateurs - se posèrent ensuite sur la distance qui les séparaient, sûrement la même longueur qui les différenciaient en taille, là encore l'ironie vint le frapper, sous forme de hasard toutefois. Se méfiait-il de lui ? Bien qu'il se soit forcé à se montrer presque courtois, son physique, sa façon de se tenir montraient t-ils que tout cela n'était qu'une brève comédie ? C'était bon à savoir. Soudainement, sans l'annoncer, l'étranger avança vers lui, doucement mais surement, en même temps qu'un sourire narquois naissait sur son visage, suite aux paroles de Nate. Étonné, ce dernier ne fit pas attention à l'air supérieur qu'arborait naturellement son interlocuteur, il avança encore de quelques pas et eut un geste tout aussi inattendu que son approche avançant tranquillement son bras et avec décontraction cala son menton à l'aide de son pouce et son index. D'abord désarçonné, notre nomade, qui n'avait côtoyé les humains seulement pour leur nuire, n'avait jamais fait très attention à leurs aptitudes sociales et à leurs comportement en société. Était-ce là une nouvelle façon de dire bonjour ? Un geste amicale ? Nate eut la réponse rapidement.

- Tsukiyo… Tu sais… Ton nom m’importe peu. Enfin soit, si tu veux tout savoir, Je suis un Teiketsu. Jun Teiketsu. Et je crois que ce toit doit m’appartenir.

Cette phrase suffit à Nate pour le cerner, arrogant et sûrement présomptueux, de minute en minute, le vagabond nourrissait l'idée que finalement il était peut être loin d'avoir affaire à un ange. Ou bien était-ce le diable en personne qui lui jouait des tours ? Son visage redevint de marbre, ainsi présenté, Jun pouvait facilement être confondu avec une statue grecque. Quoique, la beauté de son visage, la perfection de ses traits était telle qu'aucune comparaison ne pouvait lui arriver à la cheville ( Ou dans ce cas-là au cou ha ha *SBAF* ) Le neko lança l'hypothèse que c'était son physique qui visiblement, était à l'origine de sa vanité, il avait bien en face de lui un humain au physique d'ange, curieux mélange, comment avait t-on pu oser insérer la personnalité détestable que chaque humain possédait dans un corps qui semblait si pur ? Si même les anges se mettaient à sombrer ( Du côté obscuuur de la force *o* ) dans la noirceur, ou allait t-on ? Il avait dit être un Teiketsu, bien avant de préciser son prénom. Nate plongea dans ses souvenirs, il était persuadé d'avoir déjà entendu ce nom quelque part ... Teiketsu... Mais oui ! Il se souvenait encore de cette phrase moqueuse et hargneuse que lui avait lancée le nouveau possesseur de son ancien bien-aimé refuge : << Ha ha t'es pas un Teiketsu pour nous marcher les pieds ! Barre toi ! >> Pas un Teiketsu ? Nate retint un sourire, il avait du mal à croire - si tous les Teiketsu faisient cette taille et avaient cette frêle morphologie - que la personne en face de lui put marcher sur les pieds de quelqu'un. Alors que cachaient t-ils ? Une fortune astronomique evidemment, les humais ne marchaient qu'avec l'argent. Ce constat fit vomir intérieurement le jeune neko et il ne s'étala pas plus sur la cupidité, sujet mainte fois réfléchit.

- Enfin soit… Je suis prêt à te laisser ce toit… Ce n’est pas ce territoire qui m’intéresse le plus… Je peux même te faire un prix d’ami

Un court instant de réflexion était passé avant que ce Teiketsu ne décide de reprendre la parole, qu'avec t-il donc dernière la tête pour laisser soudainement ce toit dont il semblait beaucoup aimer la vue ? Il y avait anguille sous roche, c'était un humain, pire, c'était un esprit sournois qu'il avait en face de lui, un prix d'ami ? - Ironie quand tu nous tient ! Prix ... D'ami !? - Qu'allait t-il bien lui proposer ? Son visage s'était aussitôt illuminé, mais pas d'une manière enfantine comme pouvait le laisser présager sa gueule d'ange, non, son sourire était ... Nate n'osa pas l'exprimer, pour un ange, cet adjectif était loin de coller, pourtant c'était exactement cela, son sourire était malsain. Sa main, toujours occupée à soutenir son menton, décida de monter quelque peu et se mit à frôler sa joue comme pour l'encourager à l'accepter, son sourire devint enjôleur, histoire de le séduire. Mais Nate connaissait trop les défauts des humains, c'était la seule chose qu'il s'amusait à observer chez eux, dès qu'ils sentaient que quelque chose dans leur physique était attirant, hop, ils le mettaient en valeur pour mieux obtenir ce qu'ils souhaitaient. Cela marchait bien évidemment, les humains étaient assez bêtes pour mettre en place un tel manège, ils étaient donc assez bête pour tomber également dans le panneau. Fort heureusement, Nate était né sous la bonne étoile et avait deux oreilles beaucoup plus hautes que celles des humains, pointues et qui se redressaient au moindre signe d'agacement. Il se força néanmoins une nouvelle fois à être patient, il avait peut être une chance d'obtenir ce toit, alors, autant en profiter. Nate usa de la dernière once de délicatesse qu'il possédait pour retirer la main qui lui caressait la joue, et d'un ton cette fois assuré et mielleux bien qu'il ne le fit pas exprès annonça :

- Je suis loin d'être un chat stupide ou mieux, un chat domestique, évite ce genre de gestes avec moi, cela ne marchera pas. Mais... ta proposition me plait et je suis curieux de connaître ton prix d'ami ...

Car il était clair qu'il y avait eu confusion, les humains avaient cette manie de ne plus faire la différence entre les nekos et les animaux domestiques, et prenaient à présent les nekos pour leurs braves bêtes. N'était-ce pas là un exemple de la bêtise humaine ? Que l'on ai oser prendre Nate pour un de ces imbéciles de nekos soumis - il devait l'avouer, les nekos n'étaient pas parfaits non plus et certains agravaient la dignité de leur nom - était la pire chose à faire si l'on voulait le vexer, fort heureusement, il était habitué à pareille stupidité. Il se devait, de toute manière, de rester poli et de ne pas s'énerver, sans quoi il pouvait dire adieu à son nouveau coin de paradis ! Un ange, dans son futur coin de paradis ( Hey faut pas prendre tes désirs pour des réalités èWé xD ) l'ironie lui en voulait vraiment aujourd'hui. Il plongea son regard dans celui de Jun, doré - Jamais Nate n'avait vu d'aussi beaux yeux, décidément le physique du Teiketsu n'en finissait plus de l'émerveiller - ne semblaient pas être étonnés de la réaction du vagabond, comme s'il s'était presque attendu à cette réaction. Mais cela n'était pas possible, les humains ne s'attendaient à rien, à pars à ce que l'on tombe dans leur piège, que l'on découvre la supercherie n'était pas dans leur gênes, il était impossible qu'il se soit attendu à une autre réaction ... Si ? Le doute envahit l'esprit de Nate, il n'allait tout de même pas revoir ses plans pour un simple doute, il n'avait jamais douté de ses explications et ce n'était pas parce que qu'une gueule d'ange le surprenait qu'il allait le faire. Bien qu'il tente de s'en persuader, Nate ne put s'empêcher de s'avouer que Jun l'intéressait, c'était bien le premier humain dans ce cas.

Jun se fit recaler. D’un geste doux de Nate qui décolla la main de son visage. Il lui dit qu’il n’arriverait pas à le convaincre comme ça. Et Jun entendit ce qu’il savait déjà. Ce Neko ne voulait pas se soumettre. Même pas pour les beaux yeux de son locuteur. Même pas pour LE Teiketsu. Jun soupira. Comme il s’en doutait, sa tentative avait été vaine. Il n’aimait pas quand on lui donnait du fil à retordre. S’il continuait, Elle allait faire surface. Si Elle décidait, ça pouvait mal finir. Parce qu’Elle était susceptible et impatiente. Jun était beaucoup plus calculateur et manipulateur. Mais rien ne vint. Aucune migraine naissante signalant Son arrivée. La simple idée qu’Elle pouvait venir effrayait Jun. Ses yeux se troublèrent. Un instant. Un seconde. Une fraction de seconde. Personne n’eut normalement le temps de le remarquer. Non, même ce type qui plongeait son regard dans celui du garçon n’avait rien dû voir. Du moins, Jun l’espérait. Il regarda intensément Nate. Non. Il n’avait rien remarqué. Il semblait lui-même mal à l’aise. Comme pris de doutes. Et Jun put donc s'en remettre. Il soupira et jeta un coup d'œil rapide au ciel, remerciant la divinité qu'il croyait réincarner. Une réincarnation ? Qu'est-ce qui l'avait amené à penser ça ? Et si c'était Elle ? Elle était Dieu ? Si Jun n'était qu'une enveloppe charnelle ? Juste un réceptacle. Pour lui permettre de vivre, d'exister. Pour lui permettre de grandir. Pour lui permettre de devenir Dieu. Non. Non, Jun n'étais pas manipulé à ce point ! Non, il n'obéissait pas pour quelqu'un d'autre. C'est lui qui atteindrait la gloire et cette Voix n'était que son guide. Une partie de lui. Son subconscient. Sa moitié. Comme Elle le disait si bien, ils dépendaient l’un de l’autre. Et Jun se rassura. Il tenta. Tant bien que mal.

Jun reprit ses esprits. Lentement. Pour ne pas se laisser proie à Elle. Ce chasseur inlassable. Cette voix que l’adolescent appréhendait aussi bien qu’il voulait la voir. Pourquoi ? Pourquoi voulait-il qu’Elle vienne ? Elle lui faisait mal. Elle lui faisait peur. Elle le soumettait. Mais Elle était toujours victorieuse. Elle était intrépide et sans peur. Quand Elle était là, Jun était sûr de s’en sortir vainqueur. L'aimait-il, comme elle le prétendait... ? Il secoua brièvement la tête. Non. Il ne se laisserait pas emporter. S’il voulait La voir, elle prendrait encore possession de lui. De son corps, de ses pensées, de son âme. Il n’était pas encore prêt à payer ce prix là pour atteindre la gloire. Pas même pour devenir Dieu. Du moins pas encore. Peut-être qu’avec le temps, il apprendrait à L’apprivoiser. A L’exploiter à sa guise. Peut-être. Plus tard. Pour le moment, il repoussait le moment fatidique où Elle revendiquerait ses droits. Respirer. Calme. Inutile de s’inquiéter pour Elle. Inutile de se poser trop de question. Inutile…

Reprenant le contrôle sur lui-même qu’il n’avait pas encore perdu, Jun replongea à Nate. Il l’avait presque oublié, à trop penser. Ca lui faisait souvent ça. Lorsqu’il pensait à celle dont le pronom la qualifiant lui devenait presque insupportable. Il fallait oublier. Provisoirement. Juste se concentrer sur ce Neko attirant. Pour ne pas louper l’occasion de se l’approprier. Alors il chassa toutes pensées d’Elle. Pour quelques temps, il l’espérait. Moins il y penserait, mieux il se sentirait. Il se calma par la même occasion. S’il commençait à perdre tous ses moyens il n’arriverait à rien. Il ferma les yeux, expirant une bouffée d’air plus fortement et releva un peu le visage. Le vent soufflait toujours. Un peu moins. A des intervalles plus longues et irrégulières. Le soleil n’arrivait pas encore à réchauffer le corps de Jun qui lui tournait maintenant le dos. Pour Nate. Ce type qui était devenu son centre d’intérêt. Le châtain passa – presque – machinalement une main dans ses cheveux qui lui revenaient devant les yeux. Satané vent qui soufflait en contresens. Le Roi se pencha un peu vers sa potentielle future acquisition. Voyant ses yeux magnifiques de près, ses lèvres à porté des siennes s’il s’avançait encore un peu, sentant même presque son souffle, Jun s’en passa sa langue sur sa lèvre supérieure. Ca faisait longtemps qu’il n’avait pas trouvé quelqu’un « beau » ou vraiment « attirant ». Mais il n’était pas une bête, il surmonterait ses pulsions. Pour l’instant du moins.

Alors il se détendit. De ce qu’il montrait au moins. Il recula son visage et esquissa son sourire comme il savait si bien le faire. Pas le sourire sadique, juste un sourire qui aurait pu sembler franc et amical. Le garçon réussit même à plisser les yeux pour marquer sa décontraction. Il poussa un soupir enjoué, comme s’il essayait de rire. Et en même temps, il se décala un peu, se tournant vers l’endroit où il se trouvait avant l’arrivée du solitaire. On voyait à peine les gens arriver d’ici. S’entassait une pile d’immeubles cachant les rayons de lumière. La nuit avait depuis longtemps laissé place à son frère, le jour. Ce jour, centre d’attraction de vie et d’activités. Ce jour, constamment sous les feux des projecteurs, à la lumière. Et la nuit s’inclinait à lui. Restant dans l’ombre, comme cela avait toujours été. Ce sentait-elle seule, cette nuit que presque personne n’habitait ? Cette nuit que tout le monde semblait vouloir fuir dans son sommeil pour mieux retrouver son contraire le lendemain matin ? La nuit pleurait. C’est pour ça qu’elle était toujours plus sombre que la dernière fois. Elle avait déjà tenté de se rebeller. De s’imposer, de briller à son tour. Mais le jour gagne contre la nuit, comme le bien gagne contre le mal. Jun n’aimais pas la nuit.

« Les humains son stupides, non ? Ils essaient de dominer la terre, tentent d’atteindre le ciel, veulent même soumettre l’univers. Ils essaient d’assombrir la lumière et d’éclairer l’obscurité. Tu ne trouves pas ça pathétique ? Regarde-les bien. Eux, tout en bas. Ils sont petits. Si petits. Comme des misérables fourmis. Et malgré tout ils se pensent supérieurs. Il suffit pourtant d’un bref mouvement pour les écraser. Leur volonté dépend de celle d'un seul. Moi. Seul Dieu choisit ces successeurs, tout le monde n’est pas digne de l’atteindre. Je supprimerais ces immeubles ideux, ces avions insultants, ces êtres arrogants, tous ces déchets, toute cette pollution néfaste. Tu ne penses pas comme moi ? Ca se voit. Tu es d’accord, n’est-ce pas ? Toi, qui me regarde de cet air dominant comme très peu osent le faire. Toi, qui te tiens fier, même à côté de moi. Toi qui hais les hommes. Je le vois, je le sens. Toi, qui, malgré tout ça, reste si petit. Toi qui n’es rien, à cet instant, face à moi. Toi qui n'as jamais été quelqu'un et qui ne le sera sûrement jamais. Je te veux. »

Il n'en dit rien. Sans regarder Nate, Jun commença à parler. D’une voix lente, apaisante, presque même mélancolique.

- Je n’ai pas besoin de terrain, je n’ai pas besoin de temps, je n’ai besoin de rien. Juste de toi. Entre autre. Pour rétablir l'ordre sur ce qu'est devenu l'Humain.

» ~ Nate Tsukiyo ~
» Peux être absent qui sait ?
» Je m'ennui, on fait quelque chose ?
» Une chambre pour Tsu ^^
» une chambre pour un barje°°